Quand un club sombre dans la crise financière, il devient difficile, voire impossible à gérer. Que dire quand le club en question est laissé à l’abandon par son président, qui est également son principal pourvoyeur. C’est le cas de l’Etoile Sportive du Sahel depuis que Ridha Charfeddine a démissionné de ses fonctions de président du club.
Le pire dans l’histoire est que personne n’assure la phase de transition, le temps que les élections aient lieu.
C’est que depuis qu’il a présenté sa lettre de démission, Ridha Charfeddine ne gère plus le quotidien du club. Par conséquent, les salaires des joueurs n’ont pas été versés. Un laisser-aller administratif et financier qui a obligé les joueurs à faire grève le 9 de ce mois, à la veille du match en retard face au CSHL, comptant pour la 11e journée de la Ligue 1.
La rencontre a été soldée, certes, par une large victoire des Etoilés (4-0), mais ce fut la dernière fois où les joueurs se sont donnés à fond sur le terrain, en dépit d’une situation administrative et financière désastreuse.
Il y a des limites à tout
Quand on a des salaires impayés et un président de club démissionnaire qui déclare qu’il ne va plus subvenir aux besoins financiers du club, qu’entraîneur et joueurs sont livrés à eux-mêmes… ou presque, il ne faut pas s’attendre à ce que le miracle opère tout le temps.
Le capitaine Yassine Chikhaoui s’est efforcé d’encadrer comme il pouvait ses camarades qui faisaient la grève pour réclamer leurs dus, tout en se montrant professionnels sur le terrain, les jours des matches. Mais il y a des limites à tout. Face à des dirigeants qui font la sourde oreille, les joueurs ont fini par lâcher prise. Ils ont concédé deux défaites consécutives en championnat, successivement contre le Stade Tunisien (1-3) et l’Etoile Sportive de Métlaoui (0-1). Du coup, l’Etoile Sportive du Sahel a perdu du terrain par rapport à ses concurrents directs dans la course au titre. Et la situation risque d’empirer si les dirigeants du club ne reprennent pas leurs responsabilités au plus vite. Car, même en période de transition, le bureau directeur sortant est dans l’obligation, morale néanmoins, puisqu’il est composé de membres bénévoles, d’assumer ses responsabilités jusqu’à ce qu’il passe le flambeau au prochain bureau directeur.
Un paradoxe propre au football tunisien
La situation que vit l’Etoile Sportive du Sahel résulte du paradoxe propre au football tunisien. D’ailleurs, le Club Sportif d’Hammam-Lif vit une situation similaire. C’est que le championnat tunisien est censé être professionnel pour ce qui est de la Ligue 1 et la Ligue 2 et amateur pour le reste. Or, les clubs qui évoluent en ligue 1 et 2 sont des associations omnisports à but non lucratif. C’est dire que nous avons des équipes de football professionnelles gérées par des statuts de clubs amateurs. Un paradoxe propre au football tunisien où des équipes professionnelles de football sont à la merci de généreux donateurs. Dans le cas de l’Etoile du Sahel, elle dépendait il n’y a pas si longtemps de la générosité de son président démissionnaire, Ridha Charfeddine, qui, il y a peu, était son principal pourvoyeur. Un principal pourvoyeur de fonds qui a décidé de fermer les vannes. Dans tout cela, la chute risque d’être vertigineuse pour l’Etoile Sportive du Sahel, qui reste sur deux défaites consécutives en championnat, au moment où elle s’apprête à replonger dans l’épreuve continentale en recevant ce samedi le club soudanais d’Al Hilal pour le compte de la 3e journée de la phase des groupes de la C1 africaine. Ce serait bien dommage pour le leader du groupe B de perdre du terrain alors qu’il a pris le large grâce aux victoires remportées lors des deux premières journées.